Entorse de la cheville : symptômes et traitements

dossier Lorsqu’on se tord le pied, les ligaments autour de l’articulation de la cheville peuvent s’étirer ou même se rompre. C’est la foulure, ou l’entorse. Il s’agit de l’une des blessures les plus courantes. Quels symptômes et comment soigner ce traumatisme ?

Dans la plupart des cas, le pied se tord vers l’intérieur et ce sont les ligaments extérieurs qui sont touchés. On parle alors d’une entorse d’inversion. Il arrive aussi que le pied se torde vers l’extérieur, auquel cas on parle d’une entorse d’éversion.

Généralement, on a affaire à une lésion ou à une déchirure d’un seul ligament. Dans les cas plus graves, deux ou trois ligaments peuvent être atteints.

Les symptômes

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  • Une douleur vive et brutale, souvent à la partie extérieure de la cheville. La douleur peut augmenter fortement après quelques minutes, et il faut marcher prudemment juste après son apparition. Pouvoir supporter au moins quatre pas après le traumatisme est un signe que la blessure n’est peut-être pas grave.
  • Un gonflement rapide et impressionnant indique un saignement et donc une (grave) déchirure, ou une fracture.
  • Une coloration (bleuâtre).
  • Une entrave à l’étirement ou à la flexion de l’articulation de la cheville.

Voir aussi l'article : Comment éviter de se tordre la cheville ?

Comment réagir ?

Ce que vous pouvez faire

  • Refroidissez la cheville avec de la glace, mais pas directement sur la peau. Emballez la glace dans un chiffon et appliquez-la pendant 20 minutes. Vous pouvez également utiliser un sac isotherme.
  • Déplacez le pied le moins possible.

L'entorse peut concerner d'autres articulations que celle de la cheville. Si elle touche la main, le bras ou l’épaule, gardez le bras plaqué contre le corps.

Un antidouleur (paracétamol) peut être utile.

Ce qu'il ne faut pas faire

  • remuer la cheville blessée
  • laisser pendre la jambe
  • chauffer la zone touchée, par exemple en appliquant une pommade, ou en prenant un bain ou une douche
  • masser la cheville

Quant consulter un médecin ?

  • en cas de soupçon de fracture ou de blessure ligamentaire grave
  • si la douleur vous empêche de faire au moins quatre pas
  • en cas de douleur particulièrement sévère même sans bouger
  • si la douleur ou le gonflement ne diminuent pas après trois ou quatre jours

Voir aussi l'article : Talons hauts : un sérieux risque de blessures

Le diagnostic

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Le médecin s'informera sur les circonstances précises de l’accident.

  • la cause (glissade, faux pas, trébuchement, traumatisme sportif...)
  • les capacités de mobilisation de la cheville directement après l’accident : debout sans bouger, en marchant...
  • la douleur : sévérité, localisation, évolution
  • les éventuels traumatismes antérieurs subis par la cheville

L'examen clinique

Que va examiner le médecin ?

  • la différence entre les deux jambes, le gonflement
  • la coloration
  • si le pied peut être bougé et si vous pouvez faire quelques pas
  • l'endroit où se situe la douleur, notamment pour détecter une éventuelle fracture
  • comment le patient réagit au test de la fente avant (souplesse, flexibilité)

Quand une radiographie est-elle nécessaire ?

  • déformation nette du pied
  • incapacité à effectuer quelques pas directement après l’accident ou durant la visite
  • douleur sévère à la pression

Le traitement

Le type de traitement dépend de la gravité de l’entorse et de la phase nécessaire de récupération.

Quels sont les stades de gravité d'une entorse ?

Stade 1 : entorse légère (étirement)

Etirement et éventuellement petite déchirure d'un ligament. Les symptômes sont généralement minimes.

  • bonne résistance (marche)
  • légère enflure et faible douleur
  • peu ou pas de coloration bleue

En cas d’entorse légère, aucun traitement spécifique n’est généralement nécessaire et une période de repos, de la glace et une position surélevée du pied sont suffisantes. La récupération fonctionnelle est bonne. Le patient peut marcher, et éventuellement poser un bandage ou s'aider d'une béquille. La kiné peut être utile pour renforcer la cheville fragilisée et prévenir la récidive.

On peut reprendre rapidement ses activités normales. Si des problèmes persistent après 3 à 6 semaines, des mesures supplémentaires seront nécessaires.

Stade 2 : rupture partielle

Deux ligaments et la capsule articulaire sont tellement déchirés que l’articulation de la cheville est trop flexible. Un gros hématome se forme, on ressent une forte douleur et la cheville enfle.

Un traitement fonctionnel spécifique par étapes est nécessaire et il faudra porter un bandage ou une attelle.

Stade 3 : rupture totale

Les dégâts sont si importants que la cheville est complètement instable. Les trois ligaments sont déchirés, l’ecchymose est importante et la cheville est enflée. Elle ne peut plus rien soutenir.

Une immobilisation complète de l’articulation s’impose. Le recours à un spécialiste est nécessaire. Une radiographie permettra de vérifier l'ampleur de la déchirure et la présence éventuelle d'une fracture.

Une intervention chirurgicale peut s’avérer indispensable.

Voir aussi l'article : Comment faire pour soigner une entorse ?

La récupération

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Le rétablissement varie en fonction de phases déterminées par le stade de sévérité de l'entorse. Le médecin généraliste évalue l'évolution de la situation et si le rétablissement ne se fait pas normalement, il est possible qu'il renvoie le patient vers un orthopédiste.

Phase 1 : 0 à 3 jours

  • douleur au repos
  • gonflement, ecchymose
  • le pied ne supporte aucun poids

Quelles mesures ?

  • Prenez du repos et surélevez votre pied. Si nécessaire, appliquez du froid (15 à 25 minutes 4 à 8 fois par jour avec des intervalles d’au moins 40 à 60 minutes).
  • Bougez votre pied et vos orteils pour faciliter la circulation sanguine, sans dépasser votre seuil de douleur.
  • Ne marchez que si cela ne vous fait pas mal, toujours très prudemment et au besoin avec des béquilles.
  • Si votre travail requiert des mouvements soutenus du pied, n’y allez pas ou demandez à votre employeur de vous changer provisoirement de poste, pour vous permettre de travailler sans devoir vous déplacer. Si vous exercez un travail sédentaire, allez-y, mais maintenez votre pied en hauteur.
  • Evitez le sport.
  • Un bandage peut être posé. Prenez éventuellement un analgésique, de préférence du paracétamol.
  • En cas d’entorse sévère, le médecin peut vous prescrire un anti-inflammatoire.
  • Les effets du traitement aux ultrasons ou de l'électrothérapie n’ont pas été prouvés scientifiquement.

Phase 2 : 4 à 10 jours

  • Votre pied peut être actif en position zéro (90° par rapport à la jambe).
  • Le gonflement et l’ecchymose ont disparu.
  • Se tenir sur le pied est possible, mais pas de manière totalement détendue.

Quelles mesures ?

  • Si le gonflement est suffisamment réduit, vous pouvez appliquer une bande ou une attelle pour soutenir l’articulation de la cheville et prévenir ou minimiser une éversion ou une inversion. Le bandage doit être régulièrement inspecté et changé aussi souvent que nécessaire (et au moins toutes les deux semaines). Une attelle est réutilisable, assure une bonne stabilité, est moins irritante pour la peau, mais c’est plus cher.
  • Dans les limites de votre douleur, vous pouvez marcher, éventuellement avec des béquilles. Dans les 4 à 10 jours, une marche symétrique devrait être possible.
  • Si votre marche n’est pas encore normale, demandez à votre employeur d’adapter vos conditions de travail. Les travailleurs sédentaires continueront au besoin à surélever leur pied.
  • Vous pouvez éventuellement prendre un analgésique, de préférence du paracétamol.
  • En cas d’entorse sévère, votre médecin peut vous prescrire un anti-inflammatoire.
  • Les effets du traitement aux ultrasons ou de l'électrothérapie n’ont pas été prouvés scientifiquement.
  • Un suivi médical est nécessaire après environ une semaine.

Phase 3 : 11 à 21 jours

  • Le gonflement a diminué ou pratiquement disparu.
  • L’hématome est toujours présent.
  • Votre pied vous soutient normalement en position debout et pendant la marche.
  • Vous avez encore mal.

Quelles mesures ?

  • Une attelle ou un bandage sont recommandés, particulièrement pour les tâches sollicitant beaucoup le pied.
  • Exercices : avec l’accord du médecin, vous pouvez reprendre l’exercice, en mettant l’accent sur l’équilibre et la coordination. Vous pouvez augmenter l’intensité de vos efforts en fonction de votre stabilité et s’il n’y a aucun signe d’inflammation et de gonflement.
  • Si vous ressentez encore de la douleur lors de la marche ou en cas d’inversion forcée, prenez contact avec un kiné qui vous indiquera les bons exercices et vous prodiguera des soins.
  • Soumettez-vous un contrôle médical après une semaine.

Phase 4 : après 3 à 6 semaines

  • Il n’y a plus de gonflement.
  • Il n’y a plus d’hématome.
  • Votre pied supporte votre poids et son mouvement est normal pendant la marche.
  • Vous avez encore mal.

Quelles mesures ?

  • Voir phase 3.
  • Etablissez un programme d’exercices qui mettent l’accent sur la coordination, et de difficulté égale à ce que vous pouviez faire avant l’entorse.
  • Des techniques de facilitation neuromusculaire proprioceptive sont utiles. Elles sont destinées à accélérer la reprogrammation neuro-musculaire et donc à réduire la sensation d’instabilité de la cheville. Une bonne proprioception est nécessaire pour prévenir les rechutes, surtout chez les sportifs qui soumettent leurs chevilles à des mouvements intenses (comme le football, le basket, le tennis et le squash).

Et le plâtre ?

La pose d'un plâtre est déconseillée, et ceci pour plusieurs raisons.

  • Un plâtre empêche de marcher sans béquilles (dans un premier temps en tout cas), de conduire, de porter ses pantalons habituels..., alors qu'il peut être (très) irritant pour la peau.
  • Une immobilisation totale expose à un risque de thrombose.
  • Les personnes immobilisées par un plâtre sont plus longtemps absentes du travail, ont besoin d’une revalidation plus longue, voient leurs muscles s'atrophier et accusent une perte de proprioception, avec un risque accru de récidive.
  • Une plus longue kinésithérapie sera nécessaire et la reprise du sport sera retardée et plus ardue.

Voir aussi l'article : Prendre l'avion avec un plâtre

Les complications possibles

Des problèmes peuvent survenir ultérieurement.

  • Instabilité chronique. Ceci se produit généralement quand les ligaments de la cheville ont été déchirés à plusieurs reprises. Il ressort de la littérature scientifique que 48 à 73% de ces blessures donnent lieu à une récidive, dont 40% causent une instabilité durable de la cheville. Une opération peut être nécessaire.
  • Cartilage lâche dans l’articulation de la cheville. Une intervention chirurgicale peut régler ce problème.
  • Dystrophie post-traumatique. Ce trouble mal connu se caractérise par un certain nombre de phénomènes : la zone blessée est épaisse, rouge, chaude (ou au contraire froide) et douloureuse. La douleur peut être gênante pour le mouvement. Les soins reposent sur des exercices et parfois des injections.

La prévention

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Quelles mesures de prévention contre la récidive ?

  • des chaussures bien soutenantes
  • le renforcement de la musculation et de la coordination du pied et de la cheville
  • un bandage ou une attelle, surtout pour les athlètes
  • le rétablissement complet, meilleure méthode pour prévenir la récidive

Quels exercices de renforcement peut-on pratiquer ?

Les muscles du mollet (1)

  • Faites un grand pas en avant avec le pied droit.
  • Transférez le poids de votre corps sur votre jambe droite.
  • Pliez le genou droit et gardez le gauche tendu.
  • Poussez les hanches vers l’avant.
  • Gardez le talon gauche au sol.
  • Changez de jambe et refaites l'exercice.

Cet exercice peut être facilement réalisé en plaçant les mains contre un mur, un arbre ou une clôture.

Les muscles du mollet (2)

  • Tenez-vous droit.
  • Montez sur vos orteils.
  • Faites des petits pas.

Les muscles du mollet (3)

  • Faites un pas en avant avec le pied gauche.
  • Gardez les deux genoux tendus.
  • Poussez votre main droite vers le sol.
  • Refaites l'exercice en changeant de jambe (et donc aussi de main).

Les muscles de la cheville

  • Tenez-vous sur une jambe.
  • Gardez les bras écartés pour maintenir l’équilibre.
  • Mettez-vous sur les orteils puis revenez à plat.
  • Changez de jambe et refaites l'exercice.

Plus ce mouvement est rapide, plus l’équilibre est difficile à maintenir. Une fois à l’aise, refaites l’exercice les yeux fermés.

Les muscles du pied

  • Asseyez-vous sur une chaise avec vos pieds sur le sol.
  • Fixez fermement une bande élastique sur le côté (par exemple au pied d’une table).
  • Placez votre pied à l’autre extrémité de cette bande.
  • Gardez les genoux fléchis à 90°.
  • Faites glisser votre pied en tendant la bande, la jambe et la cuisse suivent le mouvement.
  • Alternez l'exercice en changeant de pied.

Les muscles de la cuisse

  • Posez un pied sur la première marche d'un escalier et laissez l'autre au sol.
  • Montez sur les orteils du pied posé sur l'escalier en laissant pendre l'autre jambe, puis redescendez.
  • Changez ensuite de pied, et refaites l'exercice.

L’exercice est plus facile si vous vous tenez à la rampe.

Les muscles du tibia

  • Tenez-vous droit.
  • Marchez sur vos talons par petits pas.

Voir aussi l'article : Faut-il s’étirer avant et après le sport ?



Dernière mise à jour: octobre 2022

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