TDA/H : comment mieux soutenir l’enfant à l'école

dossier L’enfant qui souffre de TDA/H – trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité – fournit d’intenses efforts pour se concentrer et rester calme en classe. Mais lui qui considère donner le meilleur de lui-même, finit par se décourager, il se démotive. Les difficultés scolaires semblent inextricables, et se compliquent par une estime de soi qui dégringole, ainsi qu’un phénomène de rejet de la part des condisciples. Les risques d’une scolarité gâchée, ratée, sont évidents.

A Bruxelles et en wallonie, un enfant par classe, en moyenne, serait confronté à cette situation. C’est dans ce contexte que l’association TDA/H Belgique (www.tdah.be) a édité un guide à l’attention des enseignants, mais aussi des parents, sur le thème TDA/H et scolarité , qui fournit des informations précieuses pour mieux accompagner l’élève, tant à l’école qu’à la maison.

Ce fascicule a été réalisé par un trio d’auteurs : le Dr Xavier Schlögel, neuropédiatre, directeur du Centre hospitalo-facultaire de recherche et traitements du TDA/H (Cliniques universitaires Saint-Luc), Pascale De Coster, présidente de TDA/H Belgique, et Anne-Geneviève de Longueville, enseignante. Il fourmille de pistes, de recommandations, d’informations pratiques. Nous retiendrons, ici, le volet consacré aux « règles de base pour apprivoiser le TDA/H ».

S’informer sur le TDA/H

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Le Dr André Merminod, un spécialiste canadien, a avancé cette synthèse : « On ne peut exiger d’un enfant atteint de TDA/H qu’il travaille avec concentration plusieurs heures de suite, tout comme on ne peut exiger d’un enfant aveugle qu’il voie, ou d’un enfant sourd qu’il entende. Accepter le diagnostic de TDA/H, c’est éliminer du même coup toute velléité de qualifier cet enfant de paresseux, d’irresponsable ou d’immature ».

Donc, pour aider l’élève, il est essentiel de le comprendre, et dès de lors de bien connaître le problème qui l'affecte. Le sanctionner pour des comportements qu’il ne peut contrôler est non seulement injuste, mais aussi contre-productif. Pour gérer les problèmes liés à l’oubli, à la distraction, à la mauvaise organisation…, il est nécessaire de mettre en place une meilleure stratégie de gestion de son travail et de son temps. L’enfant n’est pas paresseux, mais il se sent dépassé par les événements, et aura tendance à remettre à plus tard…

La relation parents-enseignants

Ce lien est fondamental, et doit reposer sur la transparence et l’interactivité. Les parents sont ainsi invités à informer l’enseignant de l'existence d’un TDA/H, et des démarches qui sont entreprises pour y faire face. Ce dernier point revêt une grande importance, dans la mesure où le professeur aura conscience que son élève est suivi à l’extérieur de l’école, et qu’il n’est donc pas seul à prendre en charge l’enfant en difficulté.

Il sera davantage enclin, aussi, à valoriser les efforts et les progrès. Le rôle de l’enseignant est central, et il doit montrer qu’il se préoccupe de l’enfant et de son bien-être ; sans hésiter à faire part aux parents, dans une relations directe, des écueils qui se dressent sur la route de l’apprentissage et des rapports sociaux, sans pour autant tout ramener systématiquement aux problèmes de comportement. Un entretien en vis-à-vis entre les deux parties est utile, et même nécessaire, afin d’organiser une stratégie commune, et briser le sentiment d’isolement, voire d’impuissance et de découragement, des uns et des autres.

La relation avec l’élève

L’enseignant représente pour le jeune un référent affectif majeur, source de motivation pour autant que l’élève perçoive de l’estime. Accepter l’enfant tel qu’il est, le comprendre, le soutenir, être convaincu de sa capacité de progression constituent autant de signes positifs face à une appréciation de soi chancelante.

Les routines quotidiennes

La structuration, l’ordre, la régularité…, sont des points d’appui majeurs. Les auteurs de guide soulignent avec pertinence : « Les enseignants s’attendent à ce que certaines règles ou habitudes normales soient enfin acquises une fois pour toutes, mais quand il s’agit d’un élève atteint de TDA/H, il faut les maintenir plus longtemps et plus fermement que pour tout autre élève ».

Les règles seront courtes, claires, imagées, constantes et conséquentes. Les routines quotidiennes et récurrentes soutiennent la gestion du temps et permettent de limiter les oublis. Exemple : ranger systématiquement le matériel scolaire dans le cartable dès la fin des devoirs.

Les mesures préventives

L’intention consiste à établir des règles, des attentes en matière de comportements et de routines qui vont beaucoup aider l’enfant TDA/H (et pas uniquement lui, d’ailleurs).

• Dans un premier temps, l’enseignant fixera une série – courte – de règles positives de base qui devront être respectées en classe, comme traiter les autres avec gentillesse ou être toujours prêt à apprendre.

• Deux : mettre en œuvre des stratégies de surveillance destinées à minimiser les comportements perturbateurs et/ou dérangeants. Ainsi, il sera bon de commenter immédiatement et de manière précise les comportements positifs (par exemple : « Bravo, tu es resté silencieux pendant toute l’explication ») ; d’établir un contact visuel avec l’élève TDA/H avant de donner des instructions ; ou encore se placer près de lui lorsque des rappels verbaux sont nécessaires.

Enfin, il sera opportunément fait appel à des indices discrets. Le guide « TDA/H et scolarité » en explicite quelques-uns :

• placer une main sur son bureau ou son épaule pour rappeler à l’enfant qu’il doit se remettre au travail sans attirer l’attention des autres sur lui
• apposer des rappels sur le bureau, appelant à se concentrer sur le travail, attendre son tour, arrêter de bavarder…
• autoriser l’élève à utiliser des signaux – comme une carte de couleur placée sur son pupitre – pour indiquer qu’il a besoin d’aide ou d’explications

Construire sur le positif

« L’élève atteint de TDA/H est critiqué négativement depuis sa plus tendre enfance, que ce soit verbalement, ou par écrit dans le journal de classe », poursuivent les spécialistes, qui pointent ces inlassables « Concentre-toi, Ecoute ce qu’on te dit, Tu as encore oublié tes affaires de gym »…

Ce type de remarques concerne ponctuellement quasiment tous les enfants, mais chez celui qui présente un TDA/H, elles sont récurrentes, noircissent le journal de classe ou le bulletin. Les conséquences sont loin d’être anodines pour l’enfant, puisque ces observations lui renvoient continuellement une image négative, et finissent d’ailleurs par ne plus avoir l’impact escompté par l’enseignant : au contraire, la démotivation grandit, le jeune considérant ces remarques comme des agressions constantes, plutôt que comme un souci de recadrage. Il ne sert à rien, en fait, de sévir continuellement face à un élève atteint de TDA/H, de mettre systématiquement en avant les aspects négatifs.

Au contraire : pour l’aider à avancer, et en gardant à l’esprit que ceci ne revient pas à verser dans la complaisance, il faut autant lui expliquer clairement et fermement ce qu’on attend de lui, que mettre en avant les points positifs de son comportement (social ou strictement scolaire), avant d’aborder les aspects négatifs. Une règle générale recommande d’énoncer quatre remarques positives pour compenser une remarque négative. En tout état de cause, la critique en soi n’est pas constructive dans le contexte qui nous occupe : une solution concrète doit toujours l’accompagner.

Encore un point : il convient de prêter une extrême attention à l’humiliation ressentie lors de critiques répétées exprimées en public, singulièrement face à l’ensemble de la classe.



Dernière mise à jour: janvier 2024

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