Le mal de ventre chez l'enfant

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Les enfants se plaignent souvent d'avoir mal au ventre. 10 à 30 % des enfants en âge de fréquenter l'école primaire en souffrent régulièrement. Les douleurs abdominales peuvent survenir isolément ou s’accompagner d'autres symptômes comme des nausées, de la constipation ou de la diarrhée. La plupart du temps, elles sont sans gravité.

Les causes du mal de ventre chez l'enfant peuvent être d'ordre physique mais aussi souvent d'ordre psychologique. Lorsque aucune cause physique évidente n'est identifiée, la raison de la douleur est à chercher ailleurs. Dans 90 % de ces cas, le stress, la tension ou les problèmes psychologiques en sont la cause.

Si votre enfant ne parle pas encore, observez son comportement. Il pleure ou gémit pendant plus d'une heure ? Il a le visage pâle et décomposé par la douleur ? Il replie ses jambes et/ou se tortille ? N'attendez pas pour consulter.

Voir aussi l'article : Bébé ou petit enfant : pourquoi pleure-t-il ?

Mal de ventre aigu ou chronique ?

Les maux de ventre peuvent se manifester de différentes façon :

  • Une douleur vive qui apparaît soudainement et disparaît relativement vite
  • Une douleur plus modérée mais qui dure

Le mal de ventre aigu

Si votre enfant ne se plaint quasiment jamais d'avoir mal au ventre et qu'il ressent tout à coup de fortes douleurs, il s'agit probablement d'une infection. Le cas typique est la gastro-entérite (grippe intestinale). Souvent, elle est accompagnée de diarrhées, de vomissements et de fièvre. La douleur est intense mais s'estompe en quelques jours.

Il peut aussi s'agir d'une appendicite. Dans ce cas, la douleur est localisée autour du nombril ou dans la partie inférieure droite de l'abdomen (fosse iliaque).

Quand l'enfant souffre d'infections urinaires, il peut aussi se plaindre de douleur dans le bas ventre et avoir de la fièvre.

Le mal de ventre chronique

L'enfant se plaint fréquemment (jusqu'à plusieurs fois par semaine) de douleurs abdominales. Parfois la douleur est intense, parfois elle est lancinante. Si ces symptômes persistent plus de deux mois, on parle de mal de ventre chronique.

La douleur peut avoir une cause physique (organique), mais la plupart du temps l'origine est psychologique : anxiété, stress, difficultés scolaires, harcèlement, deuil, climat familial détérioré..., toutes ces situations peuvent provoquer des douleurs abdominales récurrentes.

Voir aussi l'article : Fièvre : où et comment prendre sa température ?

Le mal de ventre d'origine psychologique

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Un mal de ventre de nature psychologique ne doit pas être considéré comme de la comédie : l’enfant se sent vraiment mal. Ce n'est pas parce qu'aucune cause physique n'est trouvée que la douleur n'est pas réelle. Il est donc important de prendre les choses au sérieux et d'essayer d'identifier l'origine du problème.

Les douleurs abdominales d'origine psychologique sont généralement sans gravité. En général, cette douleur apparaît progressivement et est décrite comme peu intense et supportable. L'enfant situe cette douleur autour du nombril, parfois juste au-dessus. Plus la douleur récurrente se situe dans cette zone, plus il est probable qu'elle soit d'origine psychologique. Surtout si elle n'est accompagnée d'aucun autre symptôme infectieux (fièvre, éruption cutanée...).

Le mal de ventre d'origine psychologique peut néanmoins s'accompagner d'un mal de tête, de vomissements, de nausées, de spasmes intestinaux ou d'une transpiration excessive.

Si le stress ou l'anxiété sont en cause, la douleur ne survient en principe pas la nuit, mais l'enfant peut cependant avoir des difficultés à s'endormir.

Les causes d'un mal de ventre d'ordre psychologique


Tout ce qui est source de stress et d'angoisse doit être pris en considération :

  • Les tensions d'ordre familial (maladie d'un proche, attentes trop élevées des parents, naissance d'un frère ou d'une soeur, divorces, problèmes financiers...)
  • les problèmes scolaires (harcèlement, intimidation, peur de l'échec, troubles de l'apprentissage...)
  • les stress socio-relationnel (déménagement, changement d'école, conflit avec un copain...)

Les enfants à risque de souffrir d'un mal de ventre d'origine psychologique


Certains enfants sont plus à risque que d'autres.

  • ceux qui expriment peu leurs émotions, qui ont tendance à intérioriser, à se refermer sur eux-mêmes.
  • ceux qui n'ont pas la possibilité de s'ouvrir pleinement, dont les parents sont peu à l'écoute.
  • ceux dont les parents sont surprotecteurs : les enfants ont tendance à exagérer leurs plaintes pour faire l'objet d'une attention excessive. Si la douleur est récompensée (l'enfant est dispensé d’école ou d'une activité ennuyeuse), l'enfant aura tendance à récidiver ses plaintes.
  • Ceux dont les parents se plaignent eux-même de douleurs


Voir aussi l'article : Bien-être : l'importance du lien entre grands-parents et petits-enfants

Le mal de ventre d'origine physique

Le médecin ne trouve une cause physique au mal de ventre que chez un enfant sur dix. Une cause physique est probable si :

  • le mal de ventre n'est pas localisé autour du nombril (par exemple à l’aine, au. Plus la douleur est éloignée du nombril, plus la probabilité qu'elle soit d'origine organique augmente
  • le mal de ventre est associé à des anomalies de la miction ou de la défécation (diarrhée, sang dans les selles, besoin fréquent d'uriner, reprise du pipi au lit, douleur à la miction...)
  • le mal de ventre s’accompagne de fièvre, de perte de poids, de douleurs articulaires ou d’une éruption cutanée
  • le mal de ventre est compliqué par des troubles inhabituels, la douleur est plus forte que d’habitude ou elle dure plus longtemps

Voir aussi l'article : Migraine : plus de risques de crise quand on a des enfants

Les causes des maux de ventre d'origine physique ?


Les coliques


Les coliques sont fréquentes chez le nourrisson. Lorsque la mère allaite, un aliment qu'elle ingère peut déclencher des crampes chez l'enfant dont le système digestif est encore immature. Par exemple, les choux, les oignons, les poivrons... Lorsque le bébé passe à l'alimentation solide, l'estomac doit également s'adapter.

La présence de gaz dans les intestins peut également causer des coliques. Si l'enfant tête en positionnant mal sa bouche, il risque d'avaler beaucoup d'air. Avec le biberon, le même phénomène peut se produire si l'orifice de la tétine est trop étroit.

Les coliques du soir (entre 18 h et 22 h), courtes mais intenses, sont fréquentes pendant les deux ou trois premiers mois de vie.  Durant ces crises, le ventre du bébé peut gargouiller. Coucher le bébé sur le ventre ou sur le dos peut le soulager. 

La constipation


Si le gros intestin n'assure pas efficacement sa fonction, les selles durcissent, stagnent et l'enfant rencontre beaucoup de difficultés à déféquer. Dans ce cas, l'enfant peut souffrir de douleurs dans la partie inférieure de l'abdomen (droite ou gauche)

La gastrite ou gastro-entérite


Cette maladie inflammatoire de la paroi de l’estomac peut être causée par un virus ou une bactérie ou suite à une irritation de la paroi de l'estomac après avoir consommé certains aliments. La douleur se manifeste dans le haut du ventre (au-dessus du nombril). La gastro-entérite peut s'accompagner de ballonnements, de diarrhées et de nausées.

Le reflux


Lorsque le contenu de l'estomac reflue dans l’œsophage, la paroi de celui-ci devient irritée ou enflammée. Ces régurgitations sont fréquentes chez le nourrisson, car le sphincter (une sorte de clapet), qui sépare l’œsophage et l'estomac, est encore immature. La perte de poids et les pleurs sont des symptômes typiques chez le bébé. Chez les enfants plus âgés, il s'agira de douleurs récurrentes dans le haut du ventre et de brûlures d'estomac. Il peut aussi souffrir de nausées et de vomissements.

L'infection urinaire


Les infections de la vessie et des voies urinaires se traduisent par des douleurs au ventre, des mictions fréquentes et douloureuses et parfois du sang dans les urines. Il est possible que des mictions involontaires (de jour comme de nuit) reprennent alors qu'elles étaient bien contrôlées.

Les règles douloureuses


Ceci concerne évidemment les jeunes filles et les adolescentes. La douleur au ventre peut survenir au moment de la menstruation ou pendant l'ovulation (environ 14 jours après le premier jour des règles) ou pendant la période précédant les premières règles.

L'hypersensibilité alimentaire


Les enfants peuvent souffrir de maux de ventre lorsqu’ils ne supportent pas certains aliments (intolérance ou allergie alimentaire). Ces douleurs s’accompagnent souvent de diarrhée et sont fréquemment liées à une hypersensibilité aux produits laitiers, surtout au lactose. L'intolérance au gluten (maladie coeliaque) est aussi une cause de douleurs abdominales.

La maladie de Crohn


La maladie de Crohn et la colite ulcéreuse, deux maladies intestinales inflammatoires chroniques, apparaissent rarement chez le jeune enfant. Leur fréquence augmente ensuite à l'adolescence. Le principal symptôme, lors des poussées, est la douleur abdominale accompagnée de diarrhée chronique. On observe souvent aussi de la fièvre, une fatigue persistante ou une perte de poids.

Le syndrome du côlon irritable


Dû à une hypersensibilité du côlon, le syndrome du côlon irritable est à l'origine de crampes. Elles s’accompagnent souvent de constipation ou de diarrhée ou une alternance des deux. Les enfants se plaignent également de ballonnements et de flatulences. Les douleurs disparaissent généralement après que l’enfant a été à la selle.

Les vers


Fréquente chez l’enfant, l’oxyurose est une affection parasitaire (un petit ver blanc) responsable de démangeaisons anales, de maux de ventre et de nausées. C'est surtout la nuit que les démangeaisons sont les plus fortes, car c'est à ce moment-là que les vers sortent par l'anus pour pondre leurs œufs. Les symptômes disparaissent parfois pendant un certain temps, puis réapparaissent. Certains enfants sont gênés, d'autres ne remarquent rien. Une n’est pas grave, mais des mesures d’hygiène doivent être associées à un traitement médicamenteux.

L'appendicite


L'appendicite est l'une des rares causes pour lesquelles les douleurs abdominales de l'enfant doivent être traitées par chirurgie. Cette inflammation de l'appendice peut évoluer en péritonite, une infection majeure de l'abdomen.

Les maladies de l’estomac


Une hernie de l’estomac (hiatale) ou une atteinte du pylore (le muscle situé dans la partie basse de l'estomac, qu'il relie au duodénum) peuvent être les causes de douleurs et de vomissements chez le nourrisson et le jeune enfant.

L'occlusion intestinale


Il peut s'agir d'une invagination intestinale aiguë : pour schématiser, une partie de l'intestin pénètre dans une autre partie située vers le bas. Elle représente l'une des causes les plus fréquentes d'occlusion intestinale chez le nourrisson et le jeune enfant. Elle se manifeste par une crise douloureuse soudaine accompagnée d’un repli des jambes, de pâleur et de vomissements. L'occlusion peut avoir d'autres causes, avec comme résultat le blocage du transit et de très fortes douleurs, des ballonnements, des nausées et des vomissements. L'occlusion intestinale est une urgence médicale.

Les autres maladies


Certaines maladies virales (plus rarement bactériennes) peuvent causer des douleurs abdominales « à distance » (par le gonflement des ganglions lymphatiques abdominaux). C'est le cas des infections à streptocoques : angine, pneumonie...

Les enfants de deux à quatre ans qui signalent des douleurs abdominales souffrent en réalité d'un mal d'oreille ou de gorge. En effet, à cet âge, l'abdomen est une sorte de lieu primitif de sensations de la douleur, alors qu'il n'y a en réalité rien qui s'y passe.

Une rupture de la rate peut également causer des douleurs abdominales. Mais elle est très rare chez les enfants, sauf en cas de traumatisme, par exemple une chute à vélo.

Le mal de ventre peut aussi être lié à une maladie rénale (malformation), une torsion testiculaire ou un kyste ovarien, notamment.

Voir aussi l'article : Les maladies infantiles

Et le médecin ?

Le pédiatre doit être consulté si les douleurs sont récurrentes (un bilan est alors utile) et lorsqu'elles s'accompagnent de signes comme :

• de l'apathie, de la somnolence
• une perte d'appétit, des nausées, des vomissements
• de la constipation, de la diarrhée, des flatulences
• de la fièvre
• des troubles urinaires
• des douleurs articulaires, des éruptions cutanées, des palpitations
• une persistance de la douleur pendant la nuit ou une aggravation de la douleur
• la douleur dure, en continu, plus de 24 h
• la douleur est localisée ailleurs qu'autour du nombril (à l'aine, notamment)

Et tout simplement si vous ressentez une inquiétude particulière, si la situation vous semble évoluer de manière préoccupante.

Les examens médicaux chercheront à identifier une cause physique, et le cas échéant, un traitement approprié sera mis en oeuvre (antibiotiques en cas d'infection urinaire, par exemple).

Plusieurs études ont démontré que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pouvait être bénéfique pour les enfants et les adolescents souffrant de douleurs abdominales prolongées d'origine psychologique. Le principe consiste à apprendre à gérer son stress et à se confronter aux situations problématiques. L’hypnose pourrait aussi présenter un intérêt, indiquent quelques études.



Dernière mise à jour: mars 2023
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