Le bilinguisme pour mieux accepter l’autre ?

news Le bilinguisme acquis dans l’enfance modifie la perception de l’autre et favoriserait une meilleure acceptation de la diversité des êtres humains.

Ces psychologues québécois (université Concordia) ne prétendent évidemment pas que l’apprentissage de deux langues tôt dans la vie va régler tous les problèmes. Ce qu’ils ont mis en évidence lors de leurs recherches, c’est que les jeunes enfants, selon qu’ils soient ou non bilingues, peuvent envisager de façon différente la manière dont un individu va évoluer. Ceci renvoie à deux notions : l’inné (ce que l’on possède dès la naissance) et l’acquis (l’influence de l’apprentissage et de l’expérience sur notre personnalité).

Comme l’explique l’un des chercheurs, « la plupart des enfants sont essentialistes : pour eux, les caractéristiques des humains et des animaux sont innées. » Cette étude montre que certains enfants bilingues sont mieux à même de comprendre qu’une personnalité se forge par l’acquis, avec comme corollaire que « le bilinguisme peut profondément influencer les croyances des enfants sur le monde qui les entoure. »

Des canards élevés par des chiens


L’expérience a réuni des enfants âgés de 5 et 6 ans, répartis en trois groupes : les unilingues (une seule langue), les bilingues simultanés (deux langues apprises en même temps) et les bilingues séquentiels (deux langues apprises l’une après l’autre). L’équipe leur a raconté deux histoires.

• L’une sur des bébés nés de parents anglais et adoptés par une famille italienne.
• L’autre sur des canards élevés par des chiens.

Ensuite, les psychologues ont demandé aux enfants si en grandissant, les bébés parleraient anglais ou italien ; et concernant les canetons, s’ils cancaneraient (coin-coin dans le langage enfantin) ou s’ils aboieraient, et s’ils auraient des plumes ou des poils. « Nous avions prédit que les enfants ayant appris une langue à la fois – bilinguisme séquentiel – arriveraient à mieux comprendre, en raison de leur propre expérience d’apprentissage, qu’une langue est une compétence qui s’acquiert. Nous pensions également que tous les enfants considéreraient comme innées d’autres caractéristiques, tels le cri et le physique des animaux », poursuivent les chercheurs. Mais ce n’est pas tout à fait ce qu’ils ont constaté.

Moins de stéréotypes et de préjugés ?


D’abord, comme prévu, deux grands axes se sont dégagés : les unilingues étaient davantage essentialistes (tout est inné), les bilingues plus sensibles à l’acquis (tout est appris). Le résultat le plus remarquable a été observé dans le groupe des bilingues séquentiels. « Non seulement ces enfants se sont avérés moins essentialistes concernant la langue – l’enfant anglais élevé par des Italiens parlera bien italien -, mais ils avaient aussi fortement tendance à penser que le cri et le physique d’un animal sont acquis par l’expérience. En d’autres termes, un canard élevé par des chiens aboiera et courra, plutôt que faire coin-coin et voler ».

Ce n’est pas systématique et tous les enfants ont commis des « erreurs » (aux yeux des adultes). Néanmoins, « ces données montrent que l’expérience acquise au jour le jour dans un domaine – comme l’apprentissage d’une langue – peut beaucoup influencer les croyances d’un enfant sur une grande variété de sujets, réduisant ainsi son penchant essentialiste, source possible de stéréotypes et de préjugés. Nous sommes portés à croire que l’apprentissage d’une seconde langue pendant l’enfance pourrait favoriser l’acceptation de la diversité sociale et physique ».

Source: Developmental Science (http://onlinelibrary.wiley.)

Dernière mise à jour: juillet 2022
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